Le plateau du Cuscionu, situé au centre sud de la Corse, constitue un palier entre les hautes vallées du Taravo et des principaux affluents rive droite du Rizzanese (Codi et Chiuvione) et la crête qui mène jusqu’à l’Alcudina (Monte Incudine, 2134 m). Il se développe sur environ 11 000 ha partagés entre quatre communes : Zicavo, Aullène, Serra di Scopamène et Quenza.
D’une altitude variant entre 1400 m et 1700 m, le plateau est formé d’un ensemble de croupes granitiques séparées par des vallons plus ou moins encaissés et par de vastes étendues planes. Sa géomorphologie porte les traces des glaciations quaternaires, desquels émergent des chaos granitiques où dominent des empilements de boules (Castellu d’Ornucciu, Punte Sistaja, Frauletu, etc.)
La flore du plateau
Les dépressions sont souvent occupées par des pozzines. Il s’agit de tourbières acides, planes, sur sous-sol imperméable à feutre tourbeux imbibé d’eau et essentiellement formé par les organes souterrains de Graminées, Cypéracées et Joncacées naines à sphaignes… Les localités où la tourbière est trouée de mares profondes sont désignées par les habitants sous le nom de pozzi (puits). Nulle part mieux que sur le Cuscionu peut être observée l’opposition entre les dépressions humides parsemées de « pozzi » et ornées en août par les grappes de fleurs des aconits et leurs versants où se développent les xérophytes épineuses constituant de véritables landes à fructicées naines au port typique en coussinet où dominent le genêt faux lobel et lépine-vinette de l’ETNA.
La faune du plateau
La caractéristique principale du plateau est l’existence de nombreux bovins et porcins qui divaguent en libre pâture. Ils ont progressivement remplacé depuis le milieu du XXème siècle les troupeaux d’ovins et de caprins qui étaient encore au nombre de 8 000 têtes en 1950 et ne sont plus représentés aujourd’hui que par de rares et petits troupeaux. La vocation pastorale du plateau est attestée dès le XVIème siècle, puisque Monseigneur Giustiniani cite le chiffre de 300 bergeries aux environs de 1530. Des chevaux sont également visibles sur les pozzines, en relation avec un certain développement de l’activité équestre. Les autres mammifères sont beaucoup plus discrets et difficiles à voir : gypaète et aigles royaux, bécasses, grives, salamandre, euprocte, truite macrostigma dans les ruisseaux, loir dans la hêtraie, sanglier, etc.
Un site singulier
Le plateau du Cuscionu offre une grande diversité paysagère qui fait toute sa singularité. Ses célèbres pozzines, petites mares d’eau et îlots herbeux que l’on retrouve notamment du côté du Pianu d’Ornucciu, se sont créés avec la fonte des neiges de l’ère glaciaire. La roche granitique contraste avec les prairies verdoyantes, et crée par endroit un formidable désordre de formes et de couleurs. L’Aconit, petite fleur violette endémique (et toxique), apporte sa touche de fantaisie à ce paysage onirique.